Cathédrale Saint-Etienne
Historique
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On
ne connaît pas vraiment les origines exactes de la Cathédrale Saint
Etienne. La première mention que l'on en connaisse est fournie par
une chartre
de Charles le Chauve donnée, en l'an 844, au profit des églises
de la ville.
Son histoire commença réellement en 1073. L'évêque
Isarn décida de construire une grande église en lieu et place
de la vieille église romane alors en ruine (dont il ne reste aujourd'hui
que des vestiges à la base du clocher et des chapiteaux dans la
nef).
C'est dans la première moitié du XIIIe
siècle que Saint-Etienne fit l'objet de nouveaux travaux.
La nef
unique que l'on connait aujourd'hui (photo
1) s'imposa à cette époque. Faussement
appelée "raymondine" (car sa construction est attribuée
à Raymond VI suite à son absolution le 18 juin 1209 dans l'abbaye
de Saint-Gilles) cette nef était, de par son ampleur (19,20m
de large sur 19m de haut), un lieu unique pour la liturgie et la
prédication en cette époque troublée par l'hérésie
cathare.
Elle est est la première grande manifestation unissant les tendances
locales aux formes du répertoire français et est actuellement considérée
comme le prototype de l'architecture gothique
méridionale. Plus tard, après 1270, une nouvelle génération
d'édifices toulousains
(églises des Jacobins et des Cordeliers) portera ce style
à sa maturité. |
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Le dépouillement des parois de brique, la beauté et
la puissance des lignes évoquent les constructions de l'ordre cistercien,
alors représenté sur le siège épiscopal toulousain par l'évêque
Foulques.
Le XIIIe siècle engendra en fait deux cathédrales : celle
évoquée ci-dessus et une autre entreprise vers 1275, époque où le
comte de Toulouse se trouva rattaché à la couronne de France. Bertrand
de l'Isle-Jourdain fut élu au siège épiscopal et décida d'édifier
une église grandiose qui supposait la démolition de la cathédrale
d'Isarn et aurait rivalisé avec celles d'Ile de France ou du Nord
du pays. Il s'adressa à Jean Deschamps, maître d'oeuvre de la cathédrale
de Narbonne, qui avait aussi travaillé sur les cathédrales de Clermont-Ferrand,
Limoges et Rodez.
Après avoir fait raser le chevet
de l'ancien édifice, il commença d'entreprendre un immense choeur
(photo 2) - dit choeur des
chanoines - deux fois plus large que la nef d'Isarn et aussi long
qu'elle. Son idée était de démolir l'une au fur et à mesure que
l'autre avancerait.
Si son projet avait été entièrement réalisé, Toulouse aurait aujourd'hui
une cathédrale équivalente à celle de Reims ou d'Amiens. Le transept
aurait été au niveau du choeur de la cathédrale d'Isarn et la vieille
nef aurait certainement été détruite. La mort de Bertrand de l'Isle
et des difficultés financières interrompirent les travaux et le
choeur fut couvert d'une charpente provisoire qui brûla en 1609.
Après cet incendie, qui détruisit également le mobilier, on abandonna
le projet d'un étage très élevé (40m), qui fut remplacé par une
voûte hâtivement dressée à 28 m, par l'architecte Pierre Levesville.
C'est à la même époque que les contreforts furent
surélevés dans les parties hautes du choeur de la
cathédrale.
Par la suite, divers travaux exécutés selon des plans parfois radicalement
différents, apportent la fantaisie de réalisations quelque peu énigmatiques.
Ce sont, entre autres, le portail de l'archevêque Denis Du Moulin
(1447), le gros pilier du transept et le clocher du cardinal Jean
d'Orléans (XVIe siècle). Au XIXe siècle
on songea même, dans un élan rationaliste et au nom
de l'unité de style, à "achever" l'édifice,
prévoyant de jeter bas les parties les plus anciennes. Le
XXe siècle a quant à lui vu la construction du
portail nord (photo 3) et
d'un inutile bras de transept réalisé au détriment d'une chapelle
du XVe siècle. |
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